Rapport national sur l’éducation 2021 : La lutte contre les inégalités au cœur de la politique éducative

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L'Université du Luxembourg a présenté le 9 décembre 2021, en présence du ministre de l'Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, Claude Meisch, le troisième rapport national sur l'éducation. Celui-ci se penche sur la question « L'école luxembourgeoise est-elle prête pour l'avenir ? ».  L'analyse se concentre sur la digitalisation et sur l'éducation au développement durable. D'autres points importants sont la pandémie qui a placé le système scolaire luxembourgeois face à de grands défis et son impact sur la vie quotidienne à l'école, ainsi que la question des anciennes et nouvelles inégalités sociales et culturelles.

« La pandémie a encore aiguisé notre regard sur les défis à relever. Le rapport national sur l'éducation confirme nos priorités. Mais en même temps, il nous fait prendre conscience que d'importants défis restent à relever et que le système scolaire n'est pas encore suffisamment adapté à la diversité sociale et culturelle du pays », a déclaré Claude Meisch.

Principaux constats du rapport sur l'éducation 2021

Le Luxembourg résiste relativement bien aux premières phases de la pandémie

Les écoles luxembourgeoises ont été moins touchées par les fermetures que les autres pays. Elles étaient déjà bien équipées en ressources numériques avant la crise. Par conséquent, l'enseignement à distance a pu être mis en place rapidement par toute la communauté scolaire. De plus, des mesures ont été développées pour soutenir les élèves et atténuer par ce biais les effets de la pandémie sur le plan national.

Les bases d'une culture scolaire numérique au Luxembourg sont posées

Après que l'étude ICILS (International Computer and Literacy Study) 2018 a montré que les compétences numériques des élèves luxembourgeois étaient inférieures à la moyenne internationale, le coding à l'enseignement fondamental, le nouveau cours Digital Sciences au lycée, la stratégie one2one et le « Guide de référence pour l’éducation aux et par les médias » ont posé les jalons d'une culture scolaire numérique au Luxembourg. L'effet de cette stratégie sur les compétences des élèves sera visible dans les années à venir.

Dans le domaine du travail non formel avec les jeunes, les références du plan-cadre de l'éducation au développement durable sont exemplaires

Dans le domaine de l'éducation au développement durable, il existe un nombre important de projets, d'outils et d'approches pédagogiques. Dans l'éducation non formelle, le travail avec les jeunes est qualifié d'exemplaire ; dans l’éducation formelle, il manque toutefois un ancrage étroit de l'éducation au développement durable dans les plans d’études.     

Un regard sur les anciennes et nouvelles injustices

Le contexte socio-économique et social joue encore toujours un rôle décisif dans le parcours scolaire des élèves : l'écart social continue de se creuser dans le système scolaire luxembourgeois. Le système scolaire ne tient pas compte de la diversité sociale et culturelle du pays de manière globale.

La pandémie pose de grands défis à l'école

Même 21 mois après le début de la crise de la COVID-19, le virus est toujours aussi imprévisible et pose encore de grands défis à l'éducation. Le ministère de l'Éducation nationale, de l'Enfance et de la Jeunesse fait tous les efforts pour que l'école puisse fonctionner aussi normalement que possible. La gestion de la pandémie représente un énorme effort pour tout le monde, le personnel de l'école, les élèves et les parents, qui a été jusqu'à présent bien maîtrisé. Le fait que le Luxembourg résiste relativement bien à la pandémie sur le plan scolaire est également dû aux investissements réalisés dans le cadre de la stratégie Digital(4)Education. Malgré l'immense défi, il existe de grandes chances de surmonter cette crise sans grandes répercussions négatives si l'on continue à investir dans les ressources nécessaires.

Une série de mesures pour une justice sociale et des chances de formation équitables

Une des priorités du ministère de l'Éducation nationale, de l'Enfance et de la Jeunesse est de donner aux enfants et aux adolescents des chances équitables de formation.  Pour ce faire, une série de mesures ont été mises en place directement après le premier rapport sur l'éducation 2015. L'effet de ces mesures, telles que la diversification de l'offre scolaire, le développement et la professionnalisation de l’éducation de la petite enfance, qui ont été mises en place au cours des dernières années, ne se retrouve que très partiellement dans ce rapport sur l'éducation. En effet, les enfants concernés n'ont jusqu'à présent pas été pris en compte dans les enquêtes.

L’éducation plurilingue dans l’éducation de la petite enfance

Depuis son introduction en 2017, les jeunes enfants apprennent à parler de manière intuitive et naturelle. L'offre a été massivement développée au cours des dernières années et est accessible à tous. La mise en œuvre de l'éducation plurilingue est accompagnée par un Conseil scientifique depuis son introduction en 2017.

Diversification de l'offre scolaire

Au cours des dernières années, le paysage éducatif luxembourgeois s'est diversifié afin de créer des conditions équitables de formation pour tous les enfants. Depuis 2016, cinq écoles publiques internationales sont en place dans toutes les régions du pays, une sixième ouvrira ses portes à la rentrée 2022-2023. Des langues d'alphabétisation alternatives y sont entre autres proposées. Une première évaluation visant à déterminer si et dans quelle mesure les écoles internationales publiques sont une réponse à la diversité de la population scolaire luxembourgeoise pourra être présentée l'année prochaine. L'évaluation doit servir de base à une large discussion sur d'éventuels rapprochements entre le système scolaire traditionnel et le système scolaire international.

Nouveaux programmes pour l’enseignement fondamental

En 2020, un processus a été lancé pour développer, avec l'ensemble des partenaires, un nouveau plan d'études qui tienne compte des réalités d'aujourd'hui et de demain. Dans le cadre de ce processus, des projets pilotes seront également mis en œuvre dans différentes écoles du pays afin de déterminer comment les injustices sociales peuvent être mieux prises en charge.

Gratuité de l'accueil pour les enfants scolarisés

La mission de la politique de l'éducation est de veiller à ce que chaque enfant ait les mêmes chances de réussir son parcours scolaire, peu importe le contexte socio-économique, la langue maternelle et le profil migratoire. Les structures d'accueil jouent un rôle important dans ce contexte. L'objectif de l'éducation non formelle est d'encourager l'enfant à développer ses compétences sociales et émotionnelles, à stimuler sa créativité et sa soif d'apprendre. Par conséquent, à la prochaine rentrée scolaire, l’accueil dans les structures d'éducation et d'accueil (maison relais, assistants parentaux, crèches, mini-crèches, etc.) pendant les semaines scolaires sera gratuit pour les enfants scolarisés.

Études surveillées largement accessibles à l'enseignement fondamental

À la rentrée prochaine, une offre d’aide aux devoirs de qualité pour tous les élèves de l'enseignement fondamental sera mise en place en collaboration avec les partenaires de l’éducation.

Neuf centres de compétences pour le renforcement de l'inclusion scolaire

L'école a pour mission de répondre aux besoins de tous les élèves. Tous les enfants, indépendamment de leurs capacités personnelles, ont le droit d'apprendre et de développer leurs capacités de manière optimale. Les neuf centres de compétences font partie du concept global de prise en charge des enfants et des jeunes à besoins spécifiques. Si la prise en charge des élèves se fait au niveau local par des enseignants spécialisés, les centres de compétences effectuent des diagnostics spécialisés auprès des élèves concernés, en proposant une aide ponctuelle en classe et une prise en charge ambulatoire ou à plus long terme au centre de compétences. Trois ans après son introduction, le ministère est en train de procéder à une évaluation du dispositif de prise en charge des élèves à besoins spécifiques.

Allongement de la scolarité obligatoire à 18 ans

Le taux de décrochage scolaire au Luxembourg, malgré une amélioration constante au cours des dernières années, reste à un niveau très élevé : en 2016-2017, il était de 9,29% (1.921 élèves) ; en 2019-2020, il était de 8,16% (1.670 élèves). Un tiers des décrocheurs ont entre 16 et 18 ans. L’allongement de l'âge de la scolarité obligatoire, associé à de nouveaux projets concrets, contribuera à réduire le taux de décrochage scolaire et à préparer des élèves plus qualifiés pour le marché du travail. Cette mesure anti-décrochage est accompagnée de la mise en place d’offres de formation alternatives basées sur le modèle existant des centres d'insertion socio-professionnelle (CISP).

De plus amples informations

Le troisième rapport national sur l'éducation 2021 est disponible dans son intégralité sous le lien suivant : www.bildungsbericht.lu

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