Aujourd’hui, en moyenne six élèves par jour et par lycée consultent le Service psycho-social et d’accompagnement scolaires (SePAS) pour de diverses raisons. Selon une enquête couvrant la période de novembre-décembre 2022 auprès de 39 lycées participants, le harcèlement arrive en 4e position des thématiques pour lesquelles les jeunes se rendent au SePAS dans les lycées, après le stress scolaire et les troubles dépressifs et anxieux. La violence, dont les conflits domestiques, arrive en 5e position.
Le harcèlement scolaire, comme toutes formes de violence, reste une préoccupation majeure du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse. En effet, lutter contre le harcèlement et le cyberharcèlement est un enjeu de santé mentale et concerne l’ensemble de la communauté scolaire. Pour cette raison, une campagne d’information et de sensibilisation intitulée « Exit Mobbing » vient d’être lancée, à destination des lycéens et de leurs parents.
Les outils de communication de la campagne (affiche, dépliant en cinq langues pour les parents, dépliant en quatre langues pour les élèves) renvoient vers le site web men.lu pour plus d’informations. Élèves et parents peuvent y découvrir notamment une foire aux questions (FAQ) répondant aux interrogations les plus fréquentes. Pour l’élaboration de cette campagne, le Centre psychosocial et d’accompagnement scolaires (CePAS) a pris en compte les contributions d’un panel de jeunes (Conférence nationale des élèves du Luxembourg (CNEL) ; Union nationale des étudiant-e-s du Luxembourg (UNEL)), de la Représentation nationale des parents ainsi que des psychologues et éducateurs (SePAS/SSE).
Sachant qu’il est souvent difficile pour un élève de se confier lorsqu’il subit du harcèlement, cette campagne a pour objectif de détabouiser ce phénomène pour que les victimes se déculpabilisent et osent demander de l’aide au sein de leur établissement, et pour que les témoins ne détournent plus le regard. Cette action invite ainsi à parler ouvertement des conséquences pour tout le monde, dont les auteurs. La campagne se déroule en parallèle d’un travail d’uniformisation des procédures d’intervention mises en place dans les écoles secondaires.
Au Luxembourg, pour prévenir et répondre au harcèlement scolaire, cinq étapes sont de mise dans les lycées :
1. Informer et communiquer sur le droit d’être protégé
Être protégé n’est pas quelque chose que l’on gagne ou que l’on mérite, c’est un droit. Les acteurs de la communauté scolaire jouent un rôle central pour informer les élèves de ce droit et pour leur y donner accès.
2. Recueillir les révélations de situations émotionnellement difficiles
Réceptionner une révélation de souffrance émotionnelle requiert une écoute active. C’est considérer la parole du jeune sans jugement et avec empathie. La souffrance des élèves n’est jamais minimisée.
3. Évaluer
Après la réception de la révélation, il s’agit d’élaborer un diagnostic avant d’envisager différentes réponses, allant de l’urgence absolue dans le cas d’un danger imminent qui nécessite une intervention immédiate, à une situation qui laisse le temps de mettre en œuvre une réponse aussi complète et adaptée que possible.
4. Décider et agir
Cette étape inclut la mise en place des actions mobilisant les enseignants et l’équipe psychosociale et éducative aux écoles. En dehors de l’école, il est possible d’orienter le jeune vers le Centre psychosocial et d’accompagnement scolaires (CePAS) ou de mettre en place un réseau de partenaires ressources pouvant soutenir le jeune dans son environnement naturel (domicile et quartier, maison des jeunes, clubs sportifs, etc.).
5. Suivre les décisions et accompagner
Dans cette ultime étape, des procédures de suivi et d’évaluation de la situation sont élaborées et une attention particulière est portée à la stabilité de l’état psychique du jeune concerné.