Aujourd’hui, en moyenne six élèves par jour et par lycée consultent le SePAS (Service psychosocial et d’accompagnement scolaires) pour des raisons diverses. Selon une enquête couvrant la période de novembre-décembre 2022 auprès de 39 lycées participants, le harcèlement arrive en 4e position des thématiques pour lesquelles les jeunes se rendent au SePAS dans les lycées, après le stress scolaire et les troubles dépressifs et anxieux. La violence, dont les conflits domestiques, arrive en 5e position.
Lutter contre le harcèlement et le cyberharcèlement est un enjeu de santé mentale et concerne l’ensemble de la communauté scolaire. La campagne d’information et de sensibilisation « Exit Mobbing » a pour objectif de détabouiser ce phénomène pour que les victimes se déculpabilisent et osent demander de l’aide au sein de leur établissement, et pour que les témoins ne détournent plus le regard. Cette action invite ainsi à parler ouvertement des conséquences pour tout le monde, dont les auteurs.
Foire aux questions (FAQ)
Qu’est-ce que le harcèlement scolaire ?
Le harcèlement scolaire désigne une violence répétée, verbale, physique et/ou psychologique d’un ou de plusieurs élèves envers un camarade au sein d’une école, dans le cadre d’un rapport de pouvoir. Le harcèlement scolaire se poursuit souvent sur les réseaux sociaux. On parle alors de cyberharcèlement.
Quelles peuvent être les conséquences sur la victime ?
Le harcèlement a des conséquences graves sur la victime, tant sur le plan psychologique que physique. Des effets peuvent être observés à différents niveaux :
- psychologique : anxiété, dépression, baisse de l'estime de soi, isolement social, troubles du sommeil ;
- physique : fatigue, troubles somatiques (maux de tête, douleurs), troubles alimentaires ;
- comportemental : retrait social, diminution de la performance à l’école, comportements d’évitement ;
- relations interpersonnelles : difficultés à établir ou maintenir des relations saines, méfiance envers les autres.
En cas de cyberharcèlement, les effets sont encore plus rapides en raison du nombre de spectateurs. Les conséquences du harcèlement touchent tous les jeunes, qu’ils soient victimes, auteurs ou témoins.
Pourquoi faut-il en parler ?
Il est parfois difficile de dire « je suis harcelé » ou « je subis de la violence ». Mais c’est important d’oser demander de l’aide pour obtenir du soutien et pouvoir exprimer ses émotions, ses difficultés et ses blessures. Mais aussi pour :
- se déculpabiliser, sortir d’un sentiment de honte ;
- en parler ouvertement, s’informer et ne pas prendre à la légère ;
- ne plus détourner le regard en tant que témoin ;
- parler des conséquences sur les victimes et les auteurs ;
- pouvoir compter sur l’aide des adultes (parents, enseignants, éducateurs, psychologues...).
Que puis-je faire en tant que parent ?
Écouter, rassurer sur le fait qu’il existe un soutien et une protection juridique pour les victimes, et des sanctions pour les auteurs. En tant que parent, on peut faire appel aux professionnels de l’école (équipes éducatives et psychosociales – SePAS/SSE) pour rechercher des solutions. Enfin, il est important de rester vigilants par rapport à la santé physique et psychologique de son enfant.
Que puis-je faire en tant que victime ?
Ne surtout pas rester seul. En parler absolument à une personne de confiance (ami, parent, régent...) qui, dans l'école, pourra vous accompagner vers les SePAS/SSE. Ou vous adresser directement aux SePAS/SSE.
Que puis-je faire en tant que témoin ?
- Je vais chercher de l’aide pour arrêter le conflit (l’important, c’est d’éviter qu’il n’y ait des blessés).
- Si je me sens capable, je peux aussi intervenir pour arrêter le conflit/la bagarre (ce n’est pas obligé et si je le fais, je veille à être prudent. À aucun moment, je ne rentre dans le conflit moi-même).
- Je ne reste pas dans le public ! (Même lorsqu’il ne « fait rien », la présence du public encourage l’auteur de l’agression. Ainsi, le public devient complice.)
Pourquoi s’adresser aux SePAS/SSE du lycée ?
Les SePAS et SSE sont des équipes composées de psychologues, d’assistants sociaux et d’éducateurs formés à accompagner les jeunes dans de tels cas. En toute confidentialité, elles apportent une écoute sans juger, un soutien, des informations pour protéger les jeunes. Ces professionnels ont des moyens pour accompagner tant les victimes que les auteurs. Vous vous sentirez en sécurité pour exprimer ce qui se passe et rechercher ensemble les solutions qui conviennent.
Qui peut apporter une aide en dehors de l’école ?
- les parents, amis ou toute autre personne de confiance (ne surtout pas rester seul !)
- le Centre psychosocial et d’accompagnement scolaires (CePAS) pour une consultation psychologique ou psychothérapeutique gratuite et confidentielle
- le « Kanner-Jugendtelefon » pour une écoute anonyme par téléphone, e-mail ou chat – et le « Elterentelefon » (Écoute Parents)
- BEE SECURE Helpline, une ligne d’assistance téléphonique gratuite que tout citoyen de tout âge peut contacter pour poser des questions sur la sécurité sur Internet
- la police en cas de mise en danger immédiate
Faut-il porter plainte ?
Porter plainte peut être une solution efficace contre le harcèlement, car cela permet d'engager des actions légales pour protéger vos droits et mettre fin à la situation.
Cependant, il est important d’en parler à une personne de confiance qui aidera à chercher de l’aide d’un professionnel au sein de l’école afin qu’il puisse intervenir ou même accompagner la victime et ses parents dans une démarche judiciaire. Chaque situation est unique, et il est important de choisir la solution qui convient le mieux.
Comment les victimes sont-elles protégées?
L’école fait tout pour mettre la victime en sécurité, tout en faisant en sorte qu’elle continue à suivre ses cours. Il peut lui être proposé de changer de classe ou d’école ou elle peut être orientée vers une aide spécialisée.
Que se passe-t-il pour les harceleurs?
Des mesures sont prises dans chaque école en lien avec le règlement d’ordre intérieur. Aussi, un suivi psychosocial et éducatif est proposé pour permettre à l’auteur de sortir de la violence le plus rapidement possible. L’objectif est d’accompagner l’auteur dès le premier passage à l’acte par des mesures qui lui permettent de prendre conscience de ses actes, de l’impact causé sur la/les victime(s), mais aussi de sa capacité à modifier son comportement, passant parfois par une mesure de réparation si celle-ci est envisageable.
Que met en place l’école pour éviter le harcelement ?
Le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse met à disposition plusieurs outils pour prévenir le harcèlement, en se centrant sur la sensibilisation des comportements violents et l’engagement des jeunes. Plusieurs lycées se sont par exemple engagés dans un projet pilote dans lequel ils expérimentent des outils de prévention et d’intervention. Des programmes de formation sont proposés aux élèves pour les aider à identifier et dénoncer les actes de harcèlement, impliquant ainsi les jeunes comme acteurs essentiels dans la lutte contre ce phénomène. Ces programmes visent à encourager les jeunes dans leur capacité d’agir en tant que jeunes engagés, renforçant leur rôle dans la lutte contre le harcèlement (ambassadeurs de citoyenneté). La notion de pair est essentielle, car les jeunes sont souvent plus réceptifs aux messages véhiculés par leurs camarades. En mobilisant les jeunes autour de cette cause aux côtés des adultes, l’école favorise des relations où la victime peut se sentir soutenue, tandis que les pairs deviennent des moteurs du changement.
D’autres projets concrets sont également menés :
- les espaces de parole régulés ;
- la pièce de théâtre « Les nuits d’Aurore » ;
- le projet « S-Team: Setz dech an! ».
De plus, les écoles mettent en conformité des protocoles clairs pour traiter les incidents de harcèlement, garantissant des conséquences appropriées pour les auteurs, tout en offrant un soutien psychologique aux victimes. Cette approche vise à créer un environnement plus sûr et inclusif.