Le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse vient de publier la nouvelle édition du rapport Jeunes décrocheurs et jeunes inactifs au Luxembourg, qui s’intéresse au décrochage scolaire entre les années 2019/2020 et 2023/2024.
Après une baisse en 2022/2023 de 0,5 point par rapport à l’année précédente, le taux de 2023/2024 augmente à nouveau de 0,6 point par rapport à 2022/2023 pour revenir au niveau des deux années scolaires 2020/2021 et 2021/2022.
En 2023/2024, le taux de décrocheurs s’élevait à 8,2 % (1 884 élèves) par rapport à 7,6 % (1 716 élèves) en 2022/2023. L’évolution au cours des cinq dernières années est la suivante :
Taux de décrocheurs :
- 2019/2020 : 7,0 %
- 2020/2021 : 8,2 %
- 2021/2022 : 8,1 %
- 2023/2023 : 7,6 %
- 2023/2024 : 8,2 %
Le Luxembourg atteint ainsi l’objectif fixé par l’Union européenne dans le cadre de sa stratégie de réduire jusqu’en 2030 le taux des décrocheurs en-dessous du seuil de 9%. Le Luxembourg demeure également nettement en dessous de la moyenne de la zone euro – 20 nations, qui s’établissait à 9,6 % en 2024 (Eurostat, 2025).
Si l’on fait abstraction des élèves décrocheurs qui se sont réinscrits l’année scolaire suivante, le taux de décrocheurs effectifs est de 6,3 % et atteint un niveau comparable aux années 2020/2021 et 2021/2022.
Taux de décrocheurs effectifs (total des décrocheurs – décrocheurs réinscrits) :
- 2019/2020 : 5,7 %
- 2020/2021 : 6,4 %
- 2021/2022 : 6,7 %
- 2023/2023 : 5,8 %
- 2023/2024 : 6,3 %
Élèves à risque
Certains groupes d’élèves courent un plus grand risque de décrocher :
- Même si la proportion de filles en situation de décrochage a légèrement augmenté (39,1 % en 2023/2024 par rapport à 37 % l’année précédente), les garçons représentent toujours la majorité des décrocheurs.
- En 2023/2024, la majorité des élèves ayant quitté prématurément le système scolaire présentaient un retard scolaire de deux ans (27,5 %), confirmant une tendance déjà observée les années précédentes.
- Les données de 2023/2024 confirment également la tendance observée dans les 10e et 11e années d’études (classes de 4e et de 3e de l’enseignement secondaire et classes correspondantes de la formation professionnelle) : le taux de décrochage y augmente une nouvelle fois.
- Les motifs ayant mené à un abandon scolaire les plus fréquemment invoqués sont un nouveau projet scolaire ou d’études ou un nouveau projet professionnel. Dans la formation professionnelle, le fait de ne pas trouver de patron d’apprentissage est également un motif de décrochage fréquent.
- La formation professionnelle menant au DAP et les classes supérieures de l’enseignement secondaire général sont les filières les plus concernées par des interruptions de parcours. Cependant, les élèves provenant de ces filières forment également une part importante des élèves qui se sont réinscrits l’année suivante (31,6 %, resp. 24,8 %). Ils sont donc aussi motivés à reprendre l’école après un changement d’orientation.
Orientation scolaire
Outre les mesures mises en place dans le système de l’Éducation nationale, tenant compte de la diversité de la population scolaire et s’adressant à tous les élèves, la prévention du décrochage comprend notamment une orientation renforcée, des actions de prévention dans les classes à risque, la prolongation de l’obligation scolaire et la mise en place d’offres d’accompagnement comme les Centres d’insertion socio-professionnelle (CISP). Ces structures sont des lieux de scolarisation alternative, qui permettent de mieux prendre en considération les besoins, les compétences et les intérêts des adolescents en difficulté scolaire.
Suivi des décrocheurs
Le SNJ mène des actions de prévention ciblées en milieu scolaire, sur demande des lycées. Ainsi en 2023/2024, il a réalisé workshops (127 interventions en classe) et prises de contact (241 interventions en classe). Il s’adresse aussi directement aux jeunes les plus à risque, à savoir les élèves « sortants » issus des classes de 5e qui s’orientent vers la formation professionnelle et qui doivent souvent quitter leur lycée d’origine et s’inscrire dans un autre lycée pour suivre la voie souhaitée. En 2023/2024, au total 1 736 prises de contact ont été réalisées.
Le Service national de la jeunesse (SNJ) contacte systématiquement tous les décrocheurs. En 2023/2024 les agents du SNJ ont contacté 2 210 jeunes, en se basant sur les listes mensuelles fournies par les services du ministère, afin d’ offrir aux jeunes concernés un accompagnement personnalisé.
Finalement, le SNJ propose des offres alternatives concrètes aux jeunes décrocheurs et jeunes inactifs. En 2023/2024 ont été réalisés : ateliers pratiques (384 jeunes sur 12 mois), stages de découverte en entreprise (258 stages), services volontaires (525 nouvelles conventions, 2 830 volontaires sur 12 mois).