Lors d’une conférence de presse le 16 juin 2021, le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, Claude Meisch, et le Prof. Robin Samuel de l’Université du Luxembourg, ont présenté le Rapport national sur la situation de la jeunesse au Luxembourg 2020.
La loi du 4 juillet 2008 sur la jeunesse prévoit que le ministre de la Jeunesse adresse tous les cinq ans un rapport sur la situation des jeunes à la Chambre des députés. Tout comme pour les deux rapports nationaux précédents (2010, 2015), les travaux de recherche pour la troisième édition ont été confiés à l’Université du Luxembourg.
Le rapport national 2020 analyse les perceptions subjectives que les jeunes de 12 à 29 ans ont de leur bien-être et de leur santé. Si ces thèmes ont été retenus bien avant la pandémie de la COVID-19, celle-ci leur a conféré une importance toute particulière.
Ainsi que le ministre Claude Meisch l’a rappelé : « Dans ce domaine, il est essentiel de pouvoir nous appuyer sur des faits ; nos intuitions peuvent se révéler justes ou pas. Dans ce sens, l’Université de Luxembourg est un partenaire précieux. Le rapport sera diffusé largement auprès des jeunes, des associations, des élus et des ministères concernés, il servira de base à la discussion qui sera menée dans les semaines et mois à venir et qui aboutira cet automne au nouveau plan d’action national pour la politique de la jeunesse (Jugendpakt). ».
Le Prof. Dr Robin Samuel a résumé les principaux constats du rapport de l’Université :
- Le bien-être subjectif et la satisfaction de vie sont jugés globalement élevés par les jeunes au Luxembourg. Dans l'ensemble, les jeunes ont une perception positive de la santé, qui s'est encore améliorée ces dernières années.
- Cependant, le nombre de jeunes souffrant de troubles psychosomatiques et la prévalence des troubles mentaux diagnostiqués ont considérablement augmenté ces dernières années au niveau international et au Luxembourg.
- Le bien-être et la santé diffèrent selon l'âge, le sexe et, surtout, le milieu social des jeunes. En moyenne, les jeunes ayant un statut socio-économique faible évaluent leur bien-être et leur santé de manière plus négative que ceux dont le statut socio-économique est élevé.
- Les jeunes essaient de promouvoir leur bien-être et leur santé par des actions ciblées (notamment le sport, l'alimentation) ; certains cependant adoptent des comportements nuisibles ou à risque (notamment le manque d'exercice, une alimentation malsaine, la consommation d'alcool).
- Les jeunes considèrent que le temps passé avec leurs amis et leur soutien est bénéfique pour leur bien-être.
- La famille, en particulier le soutien apporté par les parents, contribue de manière significative au bien-être des jeunes.
- Les contextes institutionnels tels que l'école ou le travail de jeunesse en milieu ouvert sont également importants pour le bien-être et la santé des jeunes. Les relations empreintes de confiance avec le personnel enseignant et éducatif et leur soutien contribuent au bien-être.
- La pandémie de COVID-19 a bouleversé la vie quotidienne de nombreux jeunes. Elle a eu un impact plus important sur les jeunes financièrement défavorisés que sur les jeunes financièrement plus aisés et a accru l'impact des inégalités sociales sur le bien-être et la santé.
- Dans leur majorité, les jeunes trouvent que les mesures visant à endiguer la pandémie de Covid-19 sont appropriées et justifiées. Ils les acceptent et les mettent en œuvre, notamment pour protéger les autres, en particulier les groupes à risque.
Le ministre Claude Meisch retient trois dimensions particulièrement positives de cette étude :
- globalement, les jeunes évaluent positivement leur bien-être et leur santé ;
- les jeunes ont fait preuve d’une grande solidarité avec les groupes plus vulnérables à la COVID-19 et méritent en cela un grand respect ;
- les jeunes se considèrent compétents pour gérer leur vie et se prendre en main de façon autonome.
Les jeunes appartenant aux groupes à risques ne sont toutefois pas à oublier : les jeunes défavorisés socioéconomiquement connaissent plus de difficultés à l’école comme dans leur transition vers la vie active. Ils ont bien plus souffert des conséquences de la pandémie que les autres. Des mesures ciblées doivent compenser ces inégalités.
Les jeunes sont très conscients de l’importance de la santé mentale, et lors des échanges avec le ministre Claude Meisch ces derniers mois, leurs représentants ont attiré l’attention sur la souffrance psychique d’une partie d’entre eux.
Le ministre a défini les niveaux auxquels les actions, qui seront détaillées dans le Jugendpakt 2021-2024, vont se situer :
- au lycée, où les services psycho-sociaux et d’accompagnement scolaires (SePAS) et les services socio-éducatifs (SSE) verront leurs missions renforcées ;
- dans l’éducation non formelle, où les maisons de jeunes agissent comme des lieux de résilience et de soutien des jeunes ;
- auprès des familles, afin de réduire l’impact de leur situation socioéconomique sur le bien-être et la santé de leurs enfants (régionalisation de l’Office national de l’enfance pour le rapprocher des familles qui pourraient bénéficier de ses mesures, école des parents repensée, mise en réseau des différents acteurs de l’aide à la famille, etc.).
Ces pistes seront explorées et approfondies avec les jeunes, les organisations pour jeunes, la Chambre des députés, le gouvernement dans une approche transversale.