Formation professionnelle : cinq champs d’action prioritaires pour adapter le système aux réalités du terrain

Lors d'une conférence de presse le 7 octobre 2015, le ministre de l'Éducation nationale, de l'Enfance et de la Jeunesse, Claude Meisch, a présenté les constats-clés d'une étude sur la formation professionnelle réalisée par l'Université du Luxembourg, ainsi que les réponses que le ministère entend y donner.

La mise en œuvre de la réforme professionnelle, qui a débuté en 2010 et porte sur 120 formations, a buté sur des difficultés importantes de mise en œuvre. Le ministère y a réagi dès 2014, en précisant des mesures provisoires dans une instruction ministérielle, puis en déposant en 2015 un projet de loi destiné à remédier aux principaux problèmes de fonctionnement. Il a également  chargé l'Institute for Lifelong Learning and Guidance (LLLG) de l’Université du Luxembourg de réaliser une évaluation qualitative du système actuellement en vigueur.

Le rapport de l'Université dégage une vision commune des problèmes, également connus du ministère. Pour alimenter les réflexions, les auteurs ont délibérément choisi de mettre en avant les aspects négatifs. Claude Meisch a toutefois tenu à préciser qu’il s’agit d’une étude qualitative, qui ne dit rien sur les dimensions quantitatives des problèmes. Néanmoins, elle documente un malaise généralisé et amène le ministère à réexaminer certains points pour amender le projet de loi en cours.

Les compétences des jeunes qualifiés ne sont pas mises en question

À aucun moment, le rapport ne met en question les compétences des jeunes qui ont obtenu un diplôme dans la formation professionnelle réformée. « Toutefois, il n’est pas admissible que les élèves, qui ont besoin de guidance et de soutien, fassent les frais d’un système qui fonctionne  mal. Ils doivent avoir confiance dans la qualité du système et leurs chances de réussite» a affirmé Claude Meisch.  

Pas de mise à plat, mais une adaptation aux réalités du terrain

Le ministère n'entend pas faire une mise à plat du système actuel de la formation professionnelle. Pour Claude Meisch, un retour à l’ancien système, qui avait également ses faiblesses, est exclu. Pour améliorer durablement la qualité de la formation professionnelle et augmenter les chances de réussite de tous les élèves, le ministre entend plutôt adapter le système actuel aux réalités complexes du terrain : la réalité des élèves, des écoles et des entreprises.

Cinq champs d’action sont prioritaires

  • Pour rétablir des relations constructives et ouvertes, le ministère entend fonder le partenariat sur trois plateformes d’échange qui impliquent l’ensemble des partenaires du milieu scolaire et du milieu professionnel : le comité de la formation professionnelle, le groupe de pilotage de la formation professionnelle et le groupe d’échange entre le ministère et des directions de lycées.

 

  • Inexistants avant la réforme, les programmes des 120 formations professionnelles  élaborés depuis 2009 seront revus et adaptés en vue d’une meilleure lisibilité. Parallèlement, les différents modules de formation seront rendus plus cohérents entre eux.
  • Pour favoriser l’avancement des élèves, l’évaluation à la formation professionnelle sera revue en général et la promotion annuelle sera réintroduite. Le système des modules de rattrapage sera remplacé par un dispositif de mesures de remédiation que l’élève devra obligatoirement suivre si le conseil de classe en décide ainsi.
  • L’orientation scolaire sera davantage développée. Tel que prévu dans la future loi sur la Maison de l’orientation, chaque lycée devra se doter d’une démarche d’orientation, notamment pour mieux accompagner l’élève dans son parcours aux classes inférieures. Des profils d’accès qui tiennent compte des exigences pour l’accès aux différentes formations professionnelles sont actuellement élaborés pour mieux guider l’élève dans sa préparation et cibler la formation qui lui convient.
  • L’offre de formations DAP et DT sous contrat d’apprentissage sera élargie. Les analyses montrent en effet que les élèves qui ont suivi une formation professionnelle sous contrat d’apprentissage (toutes les formations CCP1 et une grande partie des formations DAP2) trouvent plus facilement un poste de travail dans le secteur privé que les élèves qui ont suivi une formation plein temps à l’école (toutes les formations DT3).

1) CCP : certificat de capacité professionnelle
2) DAP : diplôme d’aptitude professionnelle
3) DT : diplôme de technicien

 

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