Favoriser le maintien scolaire pour lutter contre le décrochage

Le risque qu’un élève « décrocheur » se retrouve socialement et économiquement en marge de la société est très élevé. En effet, le monde du travail offre de moins en moins de perspectives professionnelles aux personnes peu ou pas qualifiées. Par conséquent, le décrochage scolaire devient la cause de bon nombre de difficultés, tant pour le jeune que pour la société dans sa globalité.

Pour lutter plus efficacement contre ce phénomène, le maintien scolaire continue d’être l’une des priorités du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse. Son étude « Le décrochage scolaire » dont les résultats sont publiés annuellement depuis 2003, a permis d’identifier les groupes d’élèves les plus concernés et de comprendre les raisons qui poussent un jeune à quitter prématurément l’école.

La 12e et plus récente édition de cette étude a révélé que pour l’année scolaire 2015-2016, un total de 944 élèves avait décroché. 704 d’entre eux de façon permanente. Cela équivaut à un taux de décrochage permanent de 12,4 %, soit une baisse de 222 élèves par rapport à l’année scolaire précédente où ce taux était de 13,5 %. Lors de la première étude, relative à l’année scolaire 2003-2004, il était de 17,2 %. Néanmoins, entre les années 2008-2009 et 2011-2012, le taux de décrochage permanent s’était stabilisé autour des 9 %.

Les multiples raisons menant à un décrochage scolaire ont également fait l’objet d’analyses approfondies, notamment dans le Rapport national sur la situation de la jeunesse au Luxembourg (publié fin 2015) et l’étude Les jeunes NEETs au Luxembourg (NEETs – Not in Education, Employment or Training ; publiée en juin 2017). Ces deux études ont permis aux institutions publiques de cerner davantage le phénomène, d’identifier les groupes les plus vulnérables et ainsi de mettre sur pied des projets d’intervention plus ciblés.

Au fil du temps, grâce aux différentes études et à l’expérience acquise, le ministère, en collaboration avec les acteurs du terrain, a pu développer différentes mesures, tant au niveau national que local, permettant de prévenir durablement le décrochage scolaire, et de lutter efficacement contre ce phénomène complexe.

Ci-dessous sont reprises les principales mesures, articulées autour des 3 pôles d’actions définis par la Commission européenne : la prévention, l’intervention, la compensation. S’ajoutent à celles-ci les projets spécifiques menés dans les différents lycées du pays.

Finalement, lorsque tous les recours qu’offre la communauté scolaire ont été épuisés, l’intervention du médiateur scolaire peut être requise (voir plus bas).

La prévention

La prévention d’une situation problématique commence par l’identification des causes primaires de celle-ci. Traiter un problème par la racine, permet de mieux y parer, et cela vaut également pour le décrochage scolaire. Dans le cas du décrochage scolaire, l’une des causes principales souvent évoquée est une orientation inadéquate, en d’autres mots, un mauvais départ au début du parcours scolaire.

1. Une offre scolaire diversifiée

L’une des spécificités propre au Luxembourg est son multilinguisme et sa multi-culturalité. En effet, le pays compte près de 170 nationalités différentes et sa population est composée d’environ 48 % de non-Luxembourgeois. Ceci constitue sans aucun doute une richesse pour le pays et ses habitants, mais peut également se révéler être une source de défis majeurs dans plusieurs domaines, dont l’éducation.

Ainsi, afin d’éliminer les barrières linguistiques potentielles et d’offrir les mêmes chances de réussite à tous, indépendamment de leurs origines, l’offre scolaire publique a considérablement été diversifiée ces dernières années. Elle comprend des classes internationales, européennes, francophones, anglophones ou encore une école germano-luxembourgeoise, ainsi que des classes à régime linguistique spécifique (RLS).

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2. Les classes d’initiation professionnelle / cours d'orientation et d'initiation professionnelles

Ces classes ont pour objectif la réintégration d’élèves mineurs ou adultes dans le système scolaire ou la formation professionnelle.

2.1. Élèves mineurs

15 lycées de l’enseignement secondaire général offrent actuellement des classes d’initiation professionnelle (CIP) pour les élèves qui sont mineurs en début d’année scolaire et qui ne remplissent pas les critères pour accéder aux classes supérieures de l'enseignement secondaire général ou à la formation professionnelle. Les CIP acceptent également des mineurs qui ont déjà quitté le système scolaire en vue de leur permettre de le réintégrer ou de suivre une formation.

2.2. Élèves adultes

Les deux Centres nationaux de formation professionnelle continue (CNFPC – Esch-sur-Alzette et Ettelbruck), proposent des cours d'orientation et d'initiation professionnelles (COIP) aux jeunes adultes qui ne disposent pas des compétences nécessaires pour accéder au marché de l'emploi et/ou qui ont quitté prématurément l'école. Ces cours s’adressent aux élèves de plus de 17 ans.  

L’approche éducative des classes d’initiation professionnelle / cours d'orientation et d'initiation professionnelles  est de favoriser un apprentissage concret, actif et durable. La formation est complétée par un ou plusieurs stages en entreprise.

En 2017-2018 les classes d’initiation professionnelle / cours d'orientation et d'initiation professionnelles comptaient environ 385 élèves dans les lycées, les CNFPC et le Centre socio-éducatif de l’État.

Contact :

E-mail : eric.erpelding@men.lu
Tél. : (+352) 247-75225

3. Les commissions d’inclusion, les centres de compétences et la commission nationale d’inclusion scolaire

Le risque de décrochage chez les élèves à besoins spécifiques est bien réel. L’approche inclusive, qui leur permet de suivre une scolarisation dans des classes de l’enseignement régulier, est inscrite depuis 1994 dans la loi luxembourgeoise. En ligne avec le concept de l‘approche inclusive, l’Éducation nationale, recrute du personnel qualifié qui assiste les élèves en classe et soutient les enseignants, et crée les structures nécessaires pour assurer au mieux possible cette inclusion.

Au Grand-Duché, le pourcentage des élèves scolarisés dans des écoles spécialisées est inférieur à 1%, ce qui témoigne d’un taux d’inclusion élevé.

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L’intervention

Dans ce pôle d’action, le but est d’intervenir dès qu’une situation pouvant potentiellement mener à un abandon des études, survient. Deux voies distinctes sont préconisées. Les projets mis en place par les différents services du ministère s’engagent justement dans celles-ci : intervention et prise en charge individualisées de l’élève en difficulté et/ou intervention au niveau de l’ensemble d’une classe, voire d’un lycée.

Un autre aspect très important dans ce pôle d’action est la collaboration et la création de réseaux avec des acteurs extrascolaires.

1. L’accompagnement psychosocial par le CePAS et les SePAS

Le Centre psychosocial et d’accompagnement scolaire (CePAS)  situé à la Maison de l’orientation, et le Service psychosocial et d’accompagnement scolaire (SePAS) présent dans la plupart des lycées du pays, proposent une offre très diversifiée de mesures qui visent à lutter contre le décrochage scolaire. Complémentaires aux consultations psychologiques et sociales, ces mesures peuvent être adaptées aux élèves de manière individuelle, mais aussi aux classes, notamment  en tenant compte du profil de la classe ou du lycée demandeur, ainsi qu’aux professionnels.

1.1. Espaces pour élèves risquant le renvoi ou le décrochage

Il s’agit de programmes d’accompagnement adaptés aux capacités et aux besoins du jeune ou de la classe, tels que des entretiens individuels, des mises en situation professionnelle, l’aménagement du parcours scolaire dans la classe d’origine, etc.

Leur sont également proposés des cycles d’ateliers psychopédagogiques ainsi que des suivis individuels portant sur différents thèmes comme la confiance en soi, les compétences sociales et émotionnelles, les méthodes efficaces d’apprentissage, la motivation et la gestion du stress (p.ex. : Never give up! , Stress Less@lycée, etc.).

Le but de ces programmes est d’aider les jeunes concernés à :

  • développer des stratégies d’adaptation efficaces (p.ex. résolution de problèmes) ;
  • développer la maîtrise de soi, le contrôle des impulsions, l'estime de soi par un sentiment d’auto-efficacité ;
  • renforcer les compétences sociales (p.ex. empathie, communication, estime de soi,…) ;
  • donner et expérimenter des moyens d’expression non-verbaux pour transférer ces vécus vers le quotidien des élèves (STOP & GO!) ;
  • apprendre à utiliser ses compétences et ressources personnelles ;
  • apprendre à se connaître (multi-culturalité de la classe) ;
  • favoriser une intégration et une volonté à apprendre la langue du pays (pour le STOP & GO – welcome!) ;
  • s’orienter et développer un projet de vie.

1.2. Espaces pour professionnels

Les professionnels encadrant des jeunes peuvent également bénéficier du savoir-faire et des programmes d’accompagnement du CePAS (Centre psychosocial et d’accompagnement scolaire). Ainsi le CePAS et les SePAS (Service psychosocial et d’accompagnement scolaire) ont la possibilité de collaborer avec tous les acteurs du lycée, mais aussi avec les partenaires de la Maison de l’orientation, les réseaux psycho-médicosociaux et les entreprises afin de développer ensemble un concept global pour le maintien scolaire, et d’élaborer différentes voies de dépistage.

Pour plus d’informations : 

Contact :

E-mail : info@cepas.public.lu
Tél. : (+352) 247-75910

2. Les classes-relais ou classes « mosaïques »

Les classes « mosaïques » s’adressent aux élèves risquant une rupture scolaire du fait de leur comportement (non-respect du règlement interne, absentéisme systématique, dérangement du cours, agressions/violence, etc.).

Grâce à un plan de prise en charge individualisé temporaire de 6 à 12 semaines, les élèves des  classes « mosaïques » profitent à l’issue de la période donnée, d’une réinsertion et une resocialisation dans leur classe initiale ou dans une classe adaptée à leur développement.

Contact :

  • Directions des lycées

3. Les projets culturels

Une cellule spécialisée au sein du ministère initie des projets culturels prioritairement destinés aux élèves des classes de la voie de préparation de l’enseignement secondaire général (anciennement régime préparatoire), qui connaissent des difficultés scolaires. Il s’agit d’utiliser la créativité à travers le théâtre, la musique, l’écriture, la peinture, etc., pour lutter contre les résistances développées par les élèves dans leur rapport à l’école et aux apprentissages. Cette démarche s’appuie sur une étroite collaboration avec des acteurs culturels (Carré Rotondes, Kulturfabrik, Kulturhaus Miersch, etc).

La vingtaine de lycées qui offrent des classes de la voie de préparation de l’enseignement secondaire général peuvent s’appuyer sur un coordonnateur culturel, qui facilite l’accès à la culture, ainsi que le travail des enseignants. Pour mener à bien sa mission, le coordonnateur culturel bénéficie du soutien de médiateurs culturels, actuellement au nombre de trois. Parmi les projets récents  l’on retrouve par exemple, des créations théâtrales et musicales (Rapmarathon), des ateliers d’écriture, des programmes de visite (Rallye culturel, Cooltour), des ateliers des cultures, etc.

Contact :

E-mail : jean-marie.kieffer@men.lu
Tél. : (+352) 247-85929

4. ALJ – les antennes locales pour jeunes (accompagnement pré-décrochage)

L’accompagnement par les ALJ du Service national de la jeunesse dans les lycées qui proposent la voie de préparation de l’enseignement secondaire général se fait en trois temps: avant, pendant et après le décrochage (mesures après un décrochage voir « III. La compensation » plus bas).

Ainsi, chaque année, en coopération avec les différents lycées concernés, les ALJ prennent directement contact avec les élèves inscrits dans des classes de la voie de préparation (anciennement classes préparatoires) qui se trouvent dans l’obligation de chercher un poste d’apprentissage  ou qui doivent changer d’établissement pour la rentrée scolaire suivante.

Le but étant de s’assurer qu’ils ne rencontrent aucune difficulté durant leurs recherches. En cas d’obstacle, les agents des ALJ les accompagnent, les conseillent et les guident dans leurs démarches. Des tracas éventuels, voire des résultats infructueux durant cette période de transition vers une nouvelle étape sont souvent décourageants pour un jeune, et par conséquent, peuvent résulter en un abandon scolaire.

En tant qu’expert externe, les ALJ sont donc complémentaires au soutien psycho-social et à l’accompagnement dispensés par les services internes aux établissements scolaires. Elles permettent un premier point de contact, offrant au jeune la possibilité de se familiariser avec un interlocuteur extrascolaire auquel il peut s’adresser à tout moment.

La compensation

Ce troisième pôle concerne les différentes mesures de compensation, c’est-à-dire les mesures diverses destinées à aider les élèves déjà sortis du système scolaire. Le but ici est de créer des ponts ou des voies de transition vers la formation ou le monde du travail sous les différentes formes possible. En outre, lors des actions de compensation, les intervenants qui accompagnent le jeune dans sa réinsertion, tentent également de lui redonner confiance en lui.

1. ALJ – les antennes locales pour jeunes (accompagnement post-décrochage)

Chaque année depuis 2003, les collaborateurs de l’ALJ contactent individuellement les décrocheurs scolaires – au nombre de 2 000 en moyenne – pour les interroger sur les raisons de leur arrêt, sur leur situation personnelle et pour leur proposer un accompagnement. Cet accompagnement individuel permet de « raccrocher » un grand nombre de jeunes, mais aussi d’approfondir les causes du décrochage, tout comme d’affiner au fil des années les mesures préventives et compensatoires.

En plus de leur coopération avec les établissements scolaires, les ALJ travaillent également en étroite collaboration avec des services communaux et locaux (maisons de jeunes, offices sociaux) afin de sensibiliser et de venir en aide aux décrocheurs qui n’ont pas intégré le marché du travail au moment de l’abandon scolaire, et qui n’ont pas un accès facile aux services publics et à leurs offres de soutien.

Ainsi les ALJ proposent aux jeunes :

  • des informations et des conseils sur les offres de formations et/ou la vie professionnelle ;
  • un accompagnement individuel en vue d’une réintégration soit à l’école, soit à une formation, en vue d’un accès à la vie professionnelle ;
  • des activités permettant de découvrir les réalités du monde du travail et d’établir un projet professionnel réaliste (ateliers, services volontaires, stages de découverte) ;
  • des formations visant le développement de compétences sociales ;
  • d’autres alternatives à l’inactivité.

Avec le décrocheur, les experts des ALJ développent  un projet d’accrochage réaliste et définissent les étapes de l’accompagnement.

Contact :

Pour plus d’informations :

2. La 2e voie de qualification

Ces cours, organisés par le Service de la formation des adultes, s’adressent à des personnes à partir de 18 ans, qui n’ont pas terminé leurs études initiales et qui souhaitent acquérir une formation de base. Ils peuvent ainsi obtenir les mêmes diplômes et certificats que ceux délivrés dans l’enseignement secondaire classique, secondaire général et la formation professionnelle.

Les cours de la 2e voie de qualification sont spécialement adaptés aux besoins des adultes et offertes en présentiel ou à distance, tout en permettant de concilier vie familiale, emploi et formation. La participation aux cours de 2e voie de qualification est gratuite.

Depuis la rentrée 2018-2019, une nouvelle formation de la 2e voie de qualification est proposée aux adultes :

DAES (diplôme d’accès aux études supérieures) en alternance

Organisée sous forme de cours du soir, cette formation s’adresse aux adultes exerçant une activité professionnelle et désireux d’obtenir en parallèle un diplôme leur permettant de poursuivre des études supérieures. Elle s’ajoute à la formation DAES en cours du jour déjà offerte à l’École nationale pour adultes depuis 2016. La formation en alternance allie cours en présentiel et apprentissage en ligne. En plus de l’École nationale pour adultes, le DAES en alternance est également proposé à l’Athénée de Luxembourg.

Pour plus d’informations :

3. L’École nationale pour adultes (anciennement École de la 2e chance)

Ouverte en mars 2011, l’École nationale pour adultes s’adresse aux jeunes de 16 à 30 ans qui ont abandonné l’école sans certification reconnue ou qui ne trouvent pas de place d’apprentissage. Elle leur offre une prise en charge qui se distingue de celles des autres lycées : la priorité est accordée à l’encadrement et le suivi est personnalisé. Quand nécessaire, elle collabore également avec des structures spécialisées compétentes (Planning familial, Centre de toxicomanie, Justice, Service de lutte contre le surendettement, etc.).

L’École prépare ses apprenants à réintégrer une classe déterminée de l’enseignement secondaire ou de la formation professionnelle. Depuis sa création, quelque 1 200 apprenants ont profité de son offre pédagogique sur son site à Luxembourg-Hollerich.

Pour plus d’informations :

Le médiateur au maintien, à l’inclusion et à l’intégration scolaires

Le rôle du médiateur est de traiter les réclamations et les doléances relatives au maintien à l’école des élèves menacés par le décrochage scolaire, l’inclusion des élèves à besoins éducatifs spécifiques ainsi que l’intégration des enfants issus de l’immigration dans l’enseignement « régulier ».

Dans ce contexte, les parents d’élèves mineurs, les élèves majeurs et le personnel éducatif (enseignant, directeur, éducateur, etc.) peuvent faire appel au médiateur en introduisant une réclamation écrite. Les intéressés ne peuvent solliciter l’intervention du médiateur qu’après avoir cherché une solution auprès des acteurs de la communauté scolaire impliqués (titulaire de classe, régent, directeur de région, directeur de lycée, etc.).

Le recours au médiateur est strictement anonyme et confidentiel.

Pour plus d’informations :

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