Le 14 août 2020, la ministre de la Santé, Paulette Lenert, et le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, Claude Meisch, ont présenté, avec les experts Laetitia Huiart (Inspection sanitaire de la Direction de la santé) et Paul Wilmes (Université du Luxembourg) le rapport L’école face à la COVID-19 au Luxembourg.
Réalisée par une équipe multidisciplinaire de scientifiques et de pédagogues, cette étude analyse la situation des infections et contaminations au sein des écoles du pays, telle qu’elle s’est développée suite à la reprise des cours à partir du 4 mai dernier, d’abord en groupes restreints, puis en classes complètes. Elle va permettre d’orienter la préparation de la rentrée scolaire 2020-2021, une rentrée qui devra se faire sous le signe de la COVID-19 et de mesures de protection adaptées et adaptables.
L’étude a porté sur 93 150 élèves répartis dans les différents établissements du pays (publics, suivant le programme national et international, privés suivant le programme national) et 11 667 enseignants sur la période du 9 mars au 26 juillet 2020. Elle se fonde sur l’état actuel des connaissances scientifiques sur la COVID-19, des comparaisons statistiques entre population générale et population scolaire au Luxembourg et l’analyse des cas de quarantaine dans le cadre du contact tracing.
Les constats
Comme l’a souligné la ministre de la Santé, Paulette Lenert: « D’un point de vue de santé publique, cette analyse approfondie montre qu’ à ce stade la transmission enfant à enfant dans les écoles est rare et n'a pas été la principale cause d'infection par le SRAS-CoV-2 chez les enfants. Les données disponibles actuellement permettent de dire que si des mesures appropriées de distanciation physique et d'hygiène sont appliquées, les écoles ne sont pas des environnements de propagation plus à risque que d'autres milieux de travail ou de loisirs avec des densités similaires de personnes. »
Les principaux constats du groupe d’experts sont en effet les suivants :
- Malgré la présence de personnes contagieuses, le risque de transmission intra-scolaire a jusqu’à présent été limité et insuffisant pour produire des regroupements de cas importants.
- Ce risque de transmission intra-scolaire faible ne peut pas être dissocié des mesures strictes de santé publique mises en place (gestes barrière, séparation de classes, accès large aux tests, isolement rapide des cas, mise en quarantaine des contacts).
- Comme dans d’autres pays, le risque de complications et d’hospitalisations est faible chez les jeunes.
- Depuis mi-juin, l’incidence chez les enseignants est similaire, voire légèrement inférieure à celle de la population professionnellement active.
- L’augmentation de la prévalence dans la population générale a entraîné une augmentation de personnes positives (élèves et enseignants) présentes dans le milieu scolaire (>100 personnes depuis mi-juin).
- Au niveau international, il y a peu de données sur le risque de transmission dans le milieu scolaire et il n’existe pas de consensus sur le rôle potentiel des écoles dans la transmission de la COVID-19. Néanmoins, l’école ne semble pas constituer un milieu de propagation majeur.
Les perspectives pour la rentrée
Le ministre Claude Meisch a rappelé que la pandémie allait très probablement durer ; nous devons apprendre à vivre avec, apprendre à enseigner et étudier avec. « L’objectif est de garantir un maximum le droit à l’éducation et un maximum de sécurité pour les élèves et les enseignants. Il faut des règles claires pour que les écoles fonctionnent le plus normalement possible. »
Les effets négatifs d’une fermeture prolongée des écoles tant sur les apprentissages des élèves que sur leur bien-être mental, émotionnel et social et donc leur avenir, sont à mettre en relation avec les risques liés à la maladie, dans le cadre d’une politique de maintien de mesures sanitaires rigoureuses. D’autant plus que ce sont les élèves déjà les plus défavorisés qui pâtissent le plus d’un éloignement des structures éducatives.
La rentrée scolaire sera donc marquée par :
- Un maximum de présence en classe, dans le respect des mesures sanitaires qui s’imposent ;
- Un dispositif de mesures de soutien pour les élèves qui en ont besoin afin d’éviter une augmentation des inégalités scolaires ;
- Le perfectionnement de l’enseignement à distance pour les élèves vulnérables qui ne pourront être présents physiquement ;
- La diffusion de recommandations sanitaires, élaborées par la Direction de la santé, aux écoles et structures d’éducation tenant compte des différents contextes éducatifs et des âges ;
- La sensibilisation des enfants et des jeunes aux règles d’hygiène, celle des parents sur les mesures à prendre en cas de symptômes ;
- La mise en œuvre d’une approche flexible, différenciée à l’échelle locale, selon l’évolution de la maladie (p.ex. quarantaine pour une classe si un cas positif/ fermeture possible d’un bâtiment si plusieurs classes concernées ; gestes barrière plus stricts, etc.).