Un nouveau dictionnaire pour l’accueil et l’intégration des réfugiés ukrainiens

À l’occasion de la visite de classes d’apprenants adultes le 16 décembre 2022, le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse (MENJE), Claude Meisch, a présenté, aux côtés du président de l’ASTI, Evandro Cimetta, le dictionnaire ukrainien-luxembourgeois-français, coproduit par le ministère et l’ASTI.

Imprimé à 5.000 exemplaires, cet outil pratique est destiné aussi bien aux réfugiés ukrainiens arrivés au Luxembourg depuis l’invasion de leur pays par la Russie le 24 février 2022, qu’à ceux qui les accueillent, travaillent avec eux, leur enseignent les langues, ou sont tout simplement curieux de découvrir cette langue slave orientale.

Entre le 1er mars et le 31 octobre 2022, 4 774 Ukrainiens ont introduit une demande de protection temporaire au Luxembourg.

Pour Claude Meisch, « il est à craindre que le retour en Ukraine se fasse longuement attendre, aussi vive soit la nostalgie du pays. Nous devons donc aider ces nouveaux habitants du Luxembourg à trouver leur place parmi nous. C’est ce que fait l’ASTI qui, fidèle à sa mission et grâce à ses bénévoles, a une nouvelle fois élaboré un dictionnaire pratique, véritable guide du quotidien. »

Quatrième d’une série

Depuis plusieurs années, l’ASTI a pris l’initiative de réaliser des dictionnaires élémentaires pour aider les personnes récemment arrivées au Grand-Duché, en nombre important, poussées à quitter leur pays par la guerre ou des conflits internes violents.

Dès 2015, lors de l’arrivée massive de réfugiés syriens, l’idée s’est imposée de confectionner rapidement un outil trilingue (arabe-français-luxembourgeois) sous forme d’un répertoire de mots pour permettre aux apprenants d’approfondir, de manière autonome, la matière expliquée en cours de langue. Les collaborateurs et bénévoles de l’ASTI ont alors défini le contenu sur la base de leurs expériences de terrain, puis réalisé le travail de traduction et de révision. Dès le départ, le MENJE a soutenu le projet, en réalisant la mise en page et en assumant les coûts d’impression et de diffusion.

Puis fut publiée en 2017 l’édition farsi/dari pour les nombreuses personnes en provenance de l’Afghanistan et de l’Iran. Elle fut suivie en 2018, d’une version en tigrigna, destinée à soutenir les Érythréens, devenus plus nombreux au Luxembourg.

La place du luxembourgeois renforcée

Comme précédemment, le nouveau dictionnaire a été conçu dans l’urgence, grâce à l’investissement des bénévoles de l’ASTI, et été remis aux lycées accueillant des élèves ukrainiens, aux adultes apprenant le français, au Centre de primo-accueil, aux offices sociaux, comme aux associations en contact avec les réfugiés.

Outre les parties lexicales, qui donnent accès à plus de 1.500 mots dans les trois langues, le dictionnaire comprend un chapitre pratique, « Les expressions de communication courante », petit guide pour les premiers contacts entre résidents du pays et nouveaux arrivants ukrainophones.

Alors que les publications antérieures ne proposaient que deux entrées, une par le français et une par la langue cible, avec une traduction des termes en luxembourgeois, la présente édition innove, en ajoutant une entrée à partir du luxembourgeois (ce qui explique un volume augmenté). Cette nouveauté conforte le rôle central de la langue nationale dans la société luxembourgeoise et dans l’intégration de ses composantes diverses. Elle facilite aussi l’accès à la langue ukrainienne des luxembourgophones désireux de communiquer avec leurs nouveaux voisins, collègues, étudiants, etc. À noter que l’alphabet cyrillique est assez facile à apprendre, car relativement proche de l’alphabet latin.

Pour rendre la découverte des trois langues plus aisée et intéressante, les mots apparentés ont été surlignés. On sera ainsi surpris d’apprendre que l’ukrainien est fortement lié au français, et cela depuis le Moyen-Âge, suite au mariage en 1051 de Henri Ier, roi des Francs, et Anne de Kiev, fille du grand-prince Iaroslav le Sage. Aujourd’hui, environ 9% des mots ukrainiens ont une origine française.

Les cours d’intégration linguistique

Les deux classes visitées par le ministre et les représentants de l’ASTI suivent des cours d’intégration linguistique, organisés par le Service de la formation des adultes du MENJE, dans le cadre du parcours d’intégration accompagné. Cette offre s’adresse à des demandeurs et bénéficiaires de protection nationale ne maîtrisant encore aucune des langues officielles du Luxembourg.

Il s’agit soit de cours d’alphabétisation en langue française soit de cours de français langue d’intégration niveau débutant. Les apprenants adultes poursuivent leur parcours d’apprentissage de la langue à leur rythme, sans limite dans le temps, jusqu’au niveau linguistique A1.2, visé à la fin de l’intégration linguistique.

De 7 à 11 heures par semaine selon le niveau, ces cours hybrides se déroulent en présentiel et en e-learning. Ils sont complétés par au moins trois ateliers pratiques par trimestre. Ces ateliers permettent de développer des compétences transversales (autonomie, compétences digitales, découverte du Luxembourg…) et d’utiliser la langue française en situation de communication pratique et quotidienne.

Les cours ont lieu sur cinq sites (Kirchberg, Diekirch, Ettelbruck/Warken, Esch-sur-Alzette et Belval) et de nouvelles sessions sont ouvertes chaque trimestre, deux fois par trimestre si la demande l’exige.

À la fin du parcours, une séance d’orientation est organisée pour guider les apprenant(e)s dans la suite de leur parcours d’apprentissage : offre scolaire pour adultes (voie de préparation, apprentissage pour adultes …), validation des acquis de l’expérience, reconnaissance des diplômes, accès à l’université et cours de langues.
Actuellement, l’intégration linguistique compte 1.339 participants adultes de 53 différentes nationalités. La majorité provient de quatre pays : la Syrie (447), l’Ukraine (306), l’Érythrée (253) et l’Afghanistan (81).

Le nouveau dictionnaire complète donc la série des langues les plus utilisées par les apprenants de l’intégration linguistique (arabe, ukrainien, tigrigna et farsi/dari).

Où se procurer les dictionnaires ?

Le nouveau dictionnaire ainsi que les trois autres peuvent être commandés gratuitement auprès du :

Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse
Service de la formation des adultes
15, rue Léon Hengen
L-1745 Luxembourg

E-mail : sfa@men.lu

 

  1. (de g. à dr.) Étudiante du SFA ; Evandro Cimetta, président de l'ASTI ; Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse
  2. (de g. à dr.) Étudiante du SFA ; Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse ; Christian Buchler, directeur du service de la formation des adultes

Dernière mise à jour