La réforme du lycée a été votée le 6 juillet 2017 à la Chambre des députés. La veille, le ministre Claude Meisch a présenté à la presse les grandes lignes du projet de loi concernant la réforme de l’enseignement secondaire et de l’enseignement secondaire technique. Le texte est le fruit de cinq années de préparation et de négociation. Déposée une première fois au courant de la législature précédente, la réforme a ensuite été adaptée en accord avec le programme du gouvernement actuel.
Le ministre a insisté sur la démarche de collaboration et de recherche du consensus avec les lycées pour aboutir à cette grande réforme. « Le but de la politique éducative ne peut pas être de semer la discorde », a affirmé Claude Meisch.
L’objectif de la réforme est de moderniser le lycée en l’adaptant aux besoins des élèves et à ceux de la société. Le jeune y est au centre des préoccupations, avec ses talents, ses intérêts, ses ambitions, les langues qu’il parle… La réponse, face à une population scolaire aussi diversifiée, ne peut pas se résumer à un système unique. Il s’agit de créer un paysage scolaire aussi diversifié que ses élèves.
Pour y parvenir, il ne faut pas imposer d’en haut un modèle à des lycées, qui sont déjà nombreux à avoir fait des efforts d’innovation et de développement scolaire couronnés de succès.
Trois piliers
La réforme repose sur trois piliers :
1) Le développement scolaire : chaque lycée se donne des démarches adaptées à sa population scolaire par lesquelles il s’engage à atteindre les objectifs fixés par la politique éducative dans une série de domaines essentiels :
- l’orientation ;
- l’inclusion des élèves à besoins spécifiques ou particuliers ;
- l’appui scolaire et la remédiation ;
- les activités périscolaires ;
- l’encadrement psychosocial ;
- la coopération avec les parents d’élèves ;
- l’offre périscolaire ;
- l’intégration des technologies de l’information et de la communication.
Le lycée est libre d’y ajouter des objectifs qu’il choisit en fonction de ses priorités. Des plans de développement de l’établissement scolaire (PDS) sont établis pour une durée de 3 ans et transposés avec l’ensemble de la communauté scolaire.
2) Un profil pour chaque lycée : les méthodes d’apprentissage, les activités para- et périscolaires, l’offre de cours à option… doivent concourir à un profil propre du lycée. Aux classes supérieures de l’enseignement secondaire, les sections sont flexibilisées pour pouvoir coller au profil de chaque lycée.
L’examen de fin d’études secondaires fait par ailleurs l’objet d’une réduction à 6 du nombre de branches présentées. Un complément est ajouté au diplôme pour certifier toutes les compétences acquises par l’élève au cours des deux dernières années d’études.
3) Des modèles alternatifs : l’offre publique anglophone, germanophone et francophone est développée en parallèle avec le système « régulier », qui est maintenu à son niveau d’excellence.
La formation professionnelle n’est pas oubliée. L’École internationale de Differdange et d’Esch-sur-Alzette aura bientôt la possibilité de proposer une formation professionnelle à ses élèves.
Dimension numérique
Parmi les domaines essentiels qui doivent figurer dans le plan de développement de l’établissement scolaire (PDS), le ministre a relevé la dimension numérique. Une trentaine de lycées sont déjà en route pour le digital learning. La nouvelle section I informatique et communication débutera dans deux lycées à la rentrée, sous le label « Future Hub ».
L’appui et la remédiation, font également l’objet d’une démarche dans le PDS. Ils peuvent prendre des formes variées : devoir, cours de mise à niveau, de remédiation, apprendre à apprendre, études surveillées... La possibilité d’une épreuve complémentaire qui peut valoir jusqu’à 4 points supplémentaires sur la note trimestrielle ou semestrielle, selon la décision du conseil de classe, est instaurée dans les classes inférieures. Le redoublement reste possible, mais les efforts sont renforcés sur l’appui et la remédiation.
L’inclusion des élèves à besoins spécifiques ou particuliers n’est aujourd’hui pas assez thématisée dans le contexte de l’enseignement secondaire et secondaire technique et nécessite des ressources supplémentaires. Chaque lycée se donne une démarche en la matière, dont la transposition sera accompagnée par une Cellule d’inclusion scolaire installée sur place.
Un encadrement de qualité
L’ambiance au lycée doit être améliorée pour prévenir notamment le décrochage scolaire. Tous les acteurs de l’école sont impliqués et l’encadrement psychosocial est réorganisé.
Les activités périscolaires peuvent également contribuer à la prévention des conflits et du mobbing. Les élèves disposeront de locaux dans ou autour de leur établissement, qu’ils pourront fréquenter en dehors de l’horaire régulier, pour des activités d’apprentissage, des activités culturelles (musique, théâtre, etc.) et sportives ou des programmes éducatifs (Stop mobbing, Peer mediation, etc.).
Les lycées sont libres d’organiser l’offre périscolaire dans un horaire de type journée continue, en alternance avec les cours réguliers.
La participation des élèves, comme celle des parents, est un point important du plan de développement scolaire. Car, conclut Claude Meisch, « une telle réforme ne peut réussir qu’avec la participation, le soutien et l’implication de tous les acteurs ».