Un apprentissage des langues progressif et cohérent

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En relation avec l’interpellation sur « le défi de la situation plurilingue dans le système éducatif au Luxembourg », qui se déroule le jeudi 24 novembre 2016 à la Chambre des députés, voici les réponses aux questions fréquemment posées au sujet de l’éducation plurilingue et de l’apprentissage des langues à la crèche et à l’école fondamentale.

Le contact avec plusieurs langues à la crèche risque-t-il de surcharger les jeunes enfants ?

Non, au contraire. Le bas âge est particulièrement propice à l’apprentissage des langues en raison de la capacité d’adaptation du cerveau des tout-petits. Les études psycholinguistiques montrent que plus un enfant est exposé jeune à une deuxième langue, plus vite il sera capable de l’apprendre. Le très jeune enfant fréquemment exposé à plus d’une langue développe une aisance par rapport à l’apprentissage des langues qui lui servira toute sa vie.

Le contact avec plusieurs langues en bas âge entrave-t-il le développement de la langue maternelle ?

Non, les études psycholinguistiques montrent que l’apprentissage d’une deuxième ou troisième langue n’entrave pas le développement de la langue maternelle. Le contact précoce avec d’autres langues n’aura donc aucun désavantage, tout au contraire : il est établi que l’enfant aura plus de facilités non seulement pour apprendre plusieurs langues, mais aussi pour développer ses compétences cognitives (comparer, analyser, hiérarchiser, …). Il aura donc de meilleures chances de réussite dans son parcours ultérieur.

Les crèches deviennent-elles des « mini-écoles » ?

Pas du tout. La familiarisation avec le luxembourgeois et le français dans les crèches se fera de manière ludique, adaptée à l’âge des enfants. Elle se fera lors d’activités langagières ciblées (raconter des histoires, …), mais aussi dans toutes les situations du vécu quotidien (repas, promenade, jeu libre, ...). Le but est de mettre les enfants en contact avec ces deux langues, en aucun cas l’approche ne sera scolaire ; il n’y aura ni définition d’objectifs en termes de compétences à développer, ni évaluation des compétences effectivement développées. 

L’éducation plurilingue dans les crèches profite-t-elle plus aux enfants luxembourgeois ou plus aux enfants étrangers ?

L’éducation plurilingue dans les crèches profite à tous les enfants, indépendamment de la langue parlée à la maison. Grâce à l’augmentation du nombre de personnel encadrant, les situations de communication intense seront plus multipliées pour chaque enfant. 

Comme les enfants seront familiarisés dès le plus jeune âge avec le luxembourgeois et le français, ils auront plus de possibilités et plus de temps pour développer des compétences dans ces deux langues. Le contact ludique avec le français permettra un accès plus naturel et décontracté à cette langue. La familiarisation avec le luxembourgeois permettra de créer des bases solides pour l’acquisition de l’allemand à l’école fondamentale. Cette démarche sera appliquée de façon différenciée et les enfants seront davantage stimulés dans les langues qu’ils ne parlent pas à la maison.

L’éducation plurilingue dans les crèches et au cycle 1 aide donc tous les enfants à s’approprier progressivement les langues du système éducatif. Ainsi, les enfants sont mieux préparés à la succession rapide dans l’apprentissage des langues à l’école fondamentale. Les enfants luxembourgophones, qui rencontrent souvent des difficultés avec le français, auront déjà eu un accès décontracté à cette langue. Les élèves non luxembourgophones, quant à eux, auront, grâce à la familiarisation avec le luxembourgeois, plus de facilités pour s’approprier la langue d’alphabétisation qu’est l’allemand.

Les crèches devront-elles aussi promouvoir l’apprentissage systématique des langues maternelles (autres que le luxembourgeois et le français) ?

Non. Face à la diversité des profils linguistiques des enfants, il est évident que les crèches ne sont pas en mesure de promouvoir systématiquement l’apprentissage des langues maternelles. Il s’agit plutôt d’encourager les enfants à s’exprimer dans leur langue, d’éveiller la curiosité et l’intérêt de tous les enfants pour les différentes langues parlées dans leur entourage. La valorisation des langues maternelles des enfants joue un rôle central, aussi bien pour le développement socio-émotionnel et identitaire des enfants que pour le développement de leurs compétences langagières.

Les enfants qui ne fréquentent pas une crèche seront-ils désavantagés à leur entrée au cycle 1 ?

Non. Il est vrai que, en continuité avec le programme d’éducation plurilingue dans les crèches, le cycle 1 mettra en œuvre une approche plurilingue également axée sur le luxembourgeois et le français. Cette approche repose toutefois sur la prise en compte des profils et besoins individuels de chaque enfant. En d’autres termes, elle se fonde sur les acquis de l’enfant pour l’amener à développer ses compétences langagières à son rythme.

Avec l’initiation au français au cycle 1, le luxembourgeois perd-il en importance ?

Pas du tout. Le luxembourgeois continuera d’être la langue de scolarisation la plus importante au cycle 1. Langue commune de tous les enfants, le luxembourgeois constitue un apport important pour la socialisation et l’intégration des enfants. Le développement des compétences en luxembourgeois reste une priorité. L’approche plurilingue au cycle 1 ne mettra en cause ni le rôle ni la fonction de cette langue.

Le luxembourgeois continuera d’être utilisé comme langue véhiculaire au cycle 1 pendant toute la semaine. Des activités en langue française seront proposées par le biais d’activités ludiques et contextualisées (chansons, comptines, petites histoires, …).

L’introduction adaptée du français au cycle 2 aura-t-elle un impact négatif sur le développement des compétences dans cette langue ?

Non, au contraire. L’apprentissage du français oral sera continué dès le 1er trimestre du cycle 2.1 (actuellement, il est introduit après les vacances de Carnaval au cycle 2.2). Tout au long du cycle 2, l’accent sera mis sur la production et la compréhension de l’oral. Par rapport au système actuel, les compétences communicatives seront donc davantage développées.

L’apprentissage systématique du français écrit continuera d’être introduit au cycle 3.1.  

Les élèves disposeront donc de plus de temps pour développer leurs compétences communicatives à l’oral avant d’être initiés au français écrit. Cette approche aura l’avantage de susciter l’envie de l’élève de s’exprimer librement dans la langue apprise, au lieu de reposer sur la recherche de fautes commises à l’écrit. Donner le goût d’une langue est en effet le meilleur investissement possible pour son apprentissage et sa maîtrise.

L’allemand reste-t-il la langue d’alphabétisation ?

Oui. L’allemand reste la langue d’alphabétisation au cycle 2. Les branches non linguistiques continueront également d’être enseignées en allemand.

 

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